Saturday, January 26, 2013

from Canada - Attaquons le gouvernement Harper!


Partisan №33
RÉFORME DE L’ASSURANCE-CHÔMAGE

Attaquons le gouvernement Harper!

Une bien mauvaise nouvelle attendait les travailleurs et travailleuses du Canada au retour des Fêtes, alors que les principales mesures imposées par le gouvernement Harper dans le cadre de sa réforme du régime d’assurance-chômage sont entrées en vigueur. Publié à peine quelques jours avant Noël dans la Gazette du Canada, le nouveau règlement qui définit ce qu’est un «emploi convenable» forcera la totalité des chômeurs et chômeuses à accepter des jobs à un salaire moindre que leur salaire habituel, sous peine de perdre leur droit aux prestations.
Annoncée à la suite du dernier budget du ministre des Finances Jim Flaherty, la réforme de l’assurance-chômage a été unanimement applaudie par les grandes organisations patronales (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Conseil du patronat du Québec, etc.), qui y voient à raison un moyen d’exercer une pression à la baisse sur les salaires ouvriers.
Dorénavant, les prestataires de l’assurance-chômage seront classées en trois catégories, selon leur historique d’utilisation du régime. Après six semaines de chômage, ceux et celles considérées comme des «prestataires fréquents» (travailleurs et travailleuses saisonniers, à statut précaire, etc.) seront tenues d’accepter n’importe quel job à 70% de leur salaire habituel et à une heure de déplacement – voire plus – de leur domicile.
On aurait tort, toutefois, de voir dans la réforme Finley une simple attaque contre les travailleurs et travailleuses saisonniers. Ceux et celles que le gouvernement va classer comme «travailleurs de longue date» seront également touchées, puisque dès leur première semaine de chômage, ils devront eux aussi accepter une baisse de salaire (90 % dans un premier temps, puis 80 % après 18 semaines).
Comme nous l’avons déjà souligné,
«le régime d’assurance-chômage est au cœur du rapport entre le capital et le travail… Un régime atrophié comme celui avec lequel on est pris depuis les grandes réformes des années 1990, qui n’offre une protection qu’à un peu moins de la moitié des travailleurs et travailleuses qui perdent leur emploi, nous rend tous et toutes plus vulnérables devant les exigences des patrons. C’est précisément ce que vise le gouvernement Harper avec sa nouvelle réforme: affaiblir encore plus notre capacité de résistance et nous précariser au maximum, afin que les capitalistes puissent tirer de plus grands profits de notre travail.»
Tout au cours de l’automne, des groupes de chômeurs et chômeuses et des organisations syndicales ont dénoncé la réforme. Plusieurs manifestations ont eu lieu, principalement au Québec et dans les provinces maritimes. Des travailleurs et travailleuses sans-emploi ont mis sur pied des comités de lutte, notamment dans le sud-est du Nouveau-Brunswick et la péninsule acadienne, là où il n’y avait pas de groupes de chômeurs et chômeuses.
Au lendemain de la publication du règlement à la mi-décembre, il y a eu des occupations des bureaux de chômage à Cap-aux-Meules aux Îles-de-la-Madeleine et à Tracadie-Sheila au Nouveau-Brunswick, ainsi que des manifestations à Roberval au Lac-Saint-Jean, à Moncton, de même que dans les communautés autochtones de Listuguj et Shigawake en Gaspésie. Le 12 janvier, pas moins de 4 000 personnes sont descendues dans la rue aux Îles-de-la-Madeleine, sur une population totale de 12 000 habitantes et habitants (cette semaine-là, il y avait 2 800 prestataires d’assurance-chômage aux Îles pour seulement cinq emplois offerts sur le site Web d’Emploi-Québec…).
Au moment de mettre sous presse, des manifestations étaient prévues à Miramichi et Inkerman au Nouveau-Brunswick, à Forestville en Haute-Côte-Nord, à La Malbaie dans la région de Charlevoix, à Chandler, Gaspé et Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie. Le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi, qui rassemble une quinzaine de groupes de défense à traversle Québec, prévoit tenir une journée nationale d’action le 12 février.
L’enjeu, à cette étape, est de démontrer que la réforme imposée par le gouvernement Harper touche l’ensemble de la classe ouvrière canadienne. Jusqu’à maintenant, la mobilisation est restée concentrée dans l’est du pays.
Au Québec, certains groupes liés au Parti québécois semblent se complaire de cette situation. Ils insistent pour dire que la réforme ne vise que les travailleurs et travailleuses saisonniers (l’ex-député bloquiste Pierre Paquette prétend même qu’il s’agit essentiellement d’une «attaque contre le Québec»!). Ces gens-là espèrent vraisemblablement que le mouvement de lutte demeure isolé et subisse une défaite, question de «justifier» leur revendication nationaliste de rapatriement du régime d’assurance-chômage au Québec – un véritable coup de poignard dans le dos des chômeurs et chômeuses des provinces maritimes dans le contexte actuel.
Alors que le mouvement «Idle No More» conteste les politiques du gouvernement Harper et s’étend dans tout le pays, il faut au contraire militer pour que le mouvement de lutte contre la réforme de l’assurance-chômage s’étende lui aussi et qu’il multiplie les attaques contre le gouvernement de la bourgeoisie. La lutte pour le droit à une protection contre le chômage est une lutte de classe, et c’est en luttant fermement contre la bourgeoisie que nous la remporterons!

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